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Etudiante en traduction aux ambitions démesurées
11 juillet 2012

La Fanfiction, ou méthode alternative à l’apprentissage des langues

La fanfiction est un passe-temps assez peu connu en France par les générations plus anciennes, ou parfois mal vu par les nouvelles. Dire à quelqu’un que l’on « fanfique » pendant son temps libre peut entraîner une réaction plus ou moins différente : ou votre interlocuteur se montrera légèrement condescendant, ou il sera aussi un partisan de ce phénomène. En effet, même s’il n’est pas souvent discuté dans les médias, la fanfiction est une activité à part entière qui ravit notamment les sociologues et psychologues étudiant ce loisir. Beaucoup de jeunes s’y adonnent en toute discrétion, grâce à l’anonymat qu’offre internet, ou passe montre leurs histoires à leurs proches pour un peu de reconnaissance. Là vient la question de savoir en quoi cela concerne la linguistique. Voici la réponse : chers fanfikeurs, vous avez ici une manière de vous mettre aux langues avec plus de facilité.

Ceci est une histoire vraie (sans blague). Bien souvent, les adolescents ou jeunes adultes entrant dans le monde de la fanfiction souffrent d’un mal encore peu connu : l’addiction à une série, un livre, un manga… les possibilités sont multiples. Leur seul moyen de soulager cette maladie d’un genre nouveau est de consommer un nombre rocambolesque de fictions par semaine. Ils seraient prêts à n’importe quoi pour soulager cette frénésie contre laquelle ils ne peuvent lutter. Et quand le fandom (qui correspond à l’ensemble des fictions, des auteurs, des photos ou autres existant pour une œuvre) francophone est épuisé, certains font l’impensable : ils se tournent vers une autre langue, qui leur ouvre les portes d’une nouvelle infinité d’histoires. C’est un nouveau palliatif.

Plus sérieusement, c’est une expérience que j’ai vécue il y a près d’un an et demi. Lasse d’un fandom français au niveau de plus en plus douteux, j’ai décidé de me tourner vers un fandom anglais prometteur. J’avais entendu tellement de merveilles à son sujet que, armée de mon dictionnaire, je me suis mise à l’éplucher attentivement. J’en ai trouvée, des perles. J’en ai appris, du vocabulaire.

Je ne vous cache pas une chose : les débuts sont laborieux. Je me rappelle avoir commencé avec des histoires de cinq mille à dix mille mots. La lenteur, le nombre de termes inconnus, la mauvaise compréhension des évènements du récit… il faut s’accrocher, c’est certain. Et puis, plus le temps et les mots défilent, plus on acquiert une aisance qui en surprendra plus d’un. On retient des mots insolites, on en devine le sens, et à force de les voir et revoir, on finit par les réutiliser. Un mot qui m’a particulièrement posé problème : elbow. Je le lisais encore et encore sans le comprendre, jusqu’à finalement poser la traduction française dessus. Coude ! Ça veut dire coude ! Une des premières victoires dont je me souviendrai longtemps.

Au fil du temps, la compréhension se fait plus facile, et les histoires de cinquante mille ou cent mille mots n’effraient plus. On lit plus prestement et on comprend tout ! Combien de mots peut-on apprendre de cette manière ? Des milliers ! Et pas seulement des mots : des structures de phrases, des expressions, du slang, des détails culturels… il ne faut pas oublier que ce sont des amateurs qui écrivent. Il y a certes l’inconvénient de la grammaire, qui n’est pas toujours parfaite, mais il y a l’avantage de l’authenticité : les sujets abordés seront ceux qui comptent dans le pays des écrivains en herbe. Les références seront à vérifier, bien sûr, car le but n’est pas seulement d’en apprendre plus sur la langue, mais il faut aussi découvrir la culture. Tiens, ils placent telle citation dans leur texte. D’où vient-elle ? De tel film, qu’il faudra absolument visionner. Tiens, ils mentionnent telle musique dans leur titre. Vite, vite, Youtube, que je puisse l’écouter à mon tour. Rien n’est là par hasard. Il faut aiguiser sa sensibilité, mettre en avant sa curiosité, et on en gagnera toujours plus.

Cet article n’est pas l’éloge de la simple fanfiction, c’est aussi l’éloge de la culture internet, d’une certaine manière, mais surtout de la littérature étrangère, amatrice ou professionnelle. Comment parfaire son apprentissage des langues ? Comment faire pour s’améliorer en anglais, en espagnol, efficacement ? Si vous aimez lire, cette méthode est faite pour vous. Certaines personnes se retrouvent plus impressionnées devant un vrai roman de papier, écrit par des écrivains pros dont le style ou le vocabulaire sera d’autant plus difficile. La fanfic, ça peut être votre point de départ, puisque les auteurs sont des gens « normaux », comme vous, avec un niveau abordable et du vocabulaire de tous les jours. La lecture est, pour moi, le meilleur moyen de faire des progrès en langues étrangères. Bien sûr, c’est une méthode au départ pénible et fastidieux, mais si on n’abandonne pas, si on s’y met régulièrement, ce sera aussi la meilleure.

Quelques conseils :

  1. Si lire n’est pas votre violon d’Ingres, ne tentez même pas. Vous serez découragés devant le travail et l’effort à prodiguer.
  2. Vous pouvez utiliser votre dictionnaire, mais à petites doses, c’est-à-dire pour rechercher un mot inconnu qui paraît clé pour l’histoire car il réapparait régulièrement dans le texte. Ensuite, ne cherchez pas chaque mot que vous ne connaissez pas. De un, cela vous découragera aussi. De deux, vous en déduirez bien souvent le sens par vous-même. C’est de cette manière qu’on retient plus facilement le vocabulaire.
  3. Il s’agit ici d’un apprentissage somme toute passif, même s’il requiert une bonne dose d’investissement. On doit le coupler avec d’autres méthodes d’apprentissage, ou simplement avec le travail scolaire si celui-ci est efficace. Il faut apprendre à réutiliser le vocabulaire. Tentez de retrouver par vous-mêmes certains mots ou expressions, pour qu’ils puissent passer de l’étape « je le comprends quand je le lis » à « je le comprends et l’utilise ».

En conclusion, c’est une manière de s’améliorer en langues qui a fait ses preuves. J’ai connu d’autres personnes qui, tout comme moi, ont lu des fanfictions pour acquérir du vocabulaire et une meilleure expression écrite, le tout avec succès. Après les fanfictions, on s’attaque aux romans, le noyau d’une culture, et quel plaisir de voir qu’il nous est facile, après tant d’efforts, de pouvoir lire un livre entier sans rencontrer de gros soucis de compréhension ou de vocabulaire ! Que dire de plus à part qu’il faut s’y mettre le plus vite possible, et cela, avec motivation, envie et curiosité ?

 

Lecture complémentaire (en anglais ou en français) :

http://etude.fanfiction.free.fr/jenkins_rblack1.php

 

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